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Gym-Tonic
Décembre, son climat aussi froid qu’une accolade d’Anna Wintour, ses repas gargantuesques entourés d’une flopée de gens feignant une bonhomie aussi suspecte qu’un look réussi de la part de Béa Ercolini, ses soirées – souvent – parrainées par l’industrie des chignons pailletés dégueulasses et des textiles miroitants, ses cuites oubliées aussi fugacement qu’une chanson d’Indila, sa nature aussi morte que la carrière d’Alizée et surtout, ses bilans combinés aux résolutions qui les accompagnent tel un maquereau accompagnerait sa Zahia.
Si, selon Shakira, les « Hips Don’t Lie », les chiffres d’inscriptions aux salles de fitness suivent également la même honnêteté concernant nos préoccupations post bûches Marcolini: recouvrer son physique d’antan ou tout du moins, trouver celui de Jon Kortajarena et de Jourdan Dunn.
Avec un an d’avance sur la résolution « Don’t look like Mama June for June », tapi dans l’ombre moite de mon step Reebok et entre deux chutes niagaresques de sueur, mon absence de muscles, ma masse adipeuse et moi-même avons décidé de croquer le portrait de certains habitants de ces usines à tonicité, à défaut de pouvoir croquer dans une bonne frite belge.
Intéressons-nous aujourd’hui aux trois premières catégories d’autochtones qui peuplent les cours collectifs de ces centres de fitness:
Les vétérans: on ne sait depuis quand on les a oubliés dans ce club ni même s’ils existaient déjà à l’époque des dinosaures, toujours est-il qu’on les soupçonne ardemment d’avoir déjà levé des menhirs tout en faisant des burpees sous le règne de César. Certains membres prétendent les avoir entendus raconter leurs multiples tractions à bout de défenses de mammouth alors que la majorité des élèves réguliers se contentent de leur reconnaître une endurance exemplaire en cours quand, sous l’effort inhumain d’un instructeur aux muscles manifestement anesthésiés, le métabolisme des plus jeunes flanche déjà du genou – ou des deux – après quelques squats Minaj-iens. Ils croquent la vie à pleines – fausses – dents et on les aime pour l’espoir physique qu’ils nous apportent: oui, plus tard, on aura la patate mais on n’en aura pas la masse!
Les jolies mômes: la queue de cheval alignée à la hauteur de leur port de tête, c’est en perpétuel slow motion et en fournée de deux ou trois que ces filles se déplacent. Souriantes et vénérées par tous les mâles hétérosexuels de l’assemblée, admirées par les autres, elles sont là avant tout pour entretenir ce pourquoi elles sont régionalement célèbres: des plastiques tellement parfaites qu’elles parviendraient à faire bander l’ensemble de la population du Bloody Louis, un soir de FLY. Elles sont les Beyoncé de la salle et toisent, de temps à autres, les ruisselantes Kelly et Michelle des alentours, au détour d’un revers d’essuie assorti à leur dernière tenue griffée Nike ou Stella.