La reine des abeilles dans le monde animalier:
C’est la « mère » de la ruche, elle est reconnaissable à sa taille plus longue que celle des ouvrières. Elle sécrète de nombreuses phéromones dont l’influence s’avère extrêmement importante pour l’organisation de la colonie. Sa simple présence maintient la cohésion et la stabilité de la colonie. Sa couleur est souvent différente de celle des abeilles avec souvent des reflets chauds ou bronzés, elle a une démarche très lente et ne se déplace qu’entourée d’une cour qui l’escorte, la lèche et prend grand soin d’elle.
La reine des abeilles dans le monde de la mode:
Dans une ruche qui fourmille de rédactrices de mode montées constamment – sauf exceptions (il y a des vilains petits canards partout, qu’on se le dise!)- sur du 12 et pianotant presque à la vitesse de la lumière sur leur Blackberry, la Reine des abeilles, dite la Anna Wintourius, ne fait guère exception à la règle si ce n’est qu’en Altesse incontestée du royaume modesque, elle a troqué ses Louboutin pour un stock de confortables sandales nude de chez Manolo Blahnik.
Aisément reconnaissable à sa coupe de poils évoquant une couronne et dont les reflets, savamment travaillés par un coloriste hautement renommé, illuminent le pelage, ainsi qu’à ses lunettes noires XXL – Chanel – vissées littéralement sur le nez, la Reine éprouve une profonde aversion envers la couleur du deuil et c’est donc, tout naturellement, qu’elle voit la vie en couleur et que sa garde-robe reflète cette philosophie de vie.
Contrairement à ses suiveuses au crâne partiellement tondu, à la houpette triomphante, au carré lissé british + lunettes en demi lunes, à l’allure rock (qui coûte un rein!), à la sophistication parisienne, à l’excentricité italienne ou au style subjectivement en berne, qui enchaînent les clopes – voire les cigares – comme elles enchaînent les défilés, la Reine Wintourius est un spécimen qui aime prendre soin de sa petite personne: couchée tous les jours à 22 heures, levée à l’aube, la journée ne commence qu’une fois qu’elle a pu libérer le tigre qui sommeillait en elle – planqué au plus profond de cet être rachitique – en effectuant son tennis matinal puis en se laissant dorloter par les mains expertes de ses dévoués sujets, coiffeurs et maquilleurs attitrés – et payés par les frais de la princesse, une certaine Dame Condé Nast…
Si cette frêle chose sous-alimentée à la moue singulière dépeuple la planète de la plupart des espèces animales velues pour se les mettre dans le cou, sur les épaules ou sur le dos, c’est parce qu’elle n’est morphologiquement pas adaptée à supporter le climat variable du quartier new-yorkais huppé au sein duquel elle réside. Ainsi, c’est avec l’équivalent d’une ferme d’élevage de chinchillas ou de renards que cette modeuse aguerrie gronde et terrasse le monde de la mode.
D’une patte de fer dans un gant en vison – griffé -, cet être mondain, hautement craint – et soupçonné de bon nombre de suicides au sein de la ruche (dont le cœur s’arrête de battre à chaque battement de cils minutieusement maquillés) -, détient la toute puissance sur le monde de la Mode – un croisement évident entre Dallas et Gossip Girl -, mettant tantôt un créateur émergent en évidence, rangeant un fossile fini dans un placard à balais – là où ses créations ne lui feront plus mal aux yeux -, distribuant les bons points et les déclarations incendiaires sans aucune retenue, donnant très clairement son avis sur tout ce qui DOIT et lui est, donc, montré lors de présentations particulières, …
C’est bien simple, les autres abeilles peuvent diriger de prestigieux magazines, avoir une dégaine à être mannequin – ou pas du tout! -, posséder une image forte et penser qu’elles ont de l’influence, une seule parmi l’essaim peut – et l’a déjà fait! -, à sa guise, selon son propre emploi du temps, modifier le calendrier de la semaine de la Mode: la Reine. Du coup, toutes se prosternent de leurs jambes kilométriques recouvertes de plumetis devant sa toute puissance, craignant son courroux et tentant de ne pas croiser son regard lors des différentes Fashion weeks au cours desquelles elles sont amenées à se croiser.
(Une rédactrice quelconque: « Anna se dirige vers moi, oh mon Dieu, qu’est-ce que je fais? … Bordel, je fais quoi? – impact dans 10, 9, 8 … – Je vais la saluer, elle ne doit pas être si terrible, regardez-là, on dirait une enfant qui s’est déguisée avec les vêtements de sa maman…. Bonjour Anna, moi, c’est… »
Anna: « Please, bore someone else with your life!« … BAM! en plein dans la tronche!)
Froide et glaciale pour les uns, la Reine qui s’habille en Prada – ainsi qu’en Chanel et en de la Renta – peut également se montrer maternelle envers les poulains qu’elle catapulte à coups de téléphone incisifs – effectués par ses assistantes, des femmes au bord du suicide à chacun de ses appels, cela va sans dire – à la tête de prestigieuses maisons mais aussi envers les créateurs qu’elle a croisés au détour d’une vadrouille pour récolter du miel.
Fine abeille d’affaires, la Anna Wintourius vit constamment avec son temps et a très bien compris que vendre un magazine, c’est également vendre l’image de sa rédaction, du coup, c’est toujours impeccable qu’elle sort escortée par l’élite du magazine ou du paysage artistique international et c’est toujours avec une longueur d’avance qu’elle devance ses concurrents à coups de shootings politiquement engagés, de mise en évidence de l’influence notable des blogs de qualité , d’éditos sans langue de bois et de vedettes placées en couverture de l’empire manuscrit qu’elle contrôle avec passion et convictions.
Capable de faire – et de dire – ce que bon lui semble et de prendre des décisions fermes et irrévocables, la Reine incarne à la perfection ce que toute abeille – butineuse, blogueuse ou autres – devrait faire: avoir des convictions tranchées, les assumer, suivre sa voie, parvenir au sommet, défendre fougueusement son trône et rester impeccablement élégante en toutes circonstances.
Très cordialement,
Monsieur de Vos (fan inconditionnel de cette rédactrice – un exemple de réussite – dont il convoite ardemment la place… ;)
* « Je suis la REINE et je suis FÉROCE! »
P.S.: le premier chapitre de la Saga animalière de la Mode – consacré à « La colérique panthère noire aux tenues griffées » est disponible ICI
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Légende: Lunettes de soleil: CHANEL/Collier: OSCAR de la RENTA (1111,86 €)/Robe: CHANEL (fall 2008 COUTURE)/Long manteau à traîne en fourrure: GRÉGORY DE VOS
Superbe article qui retrace bien le parcours et la personnalité de la Reine des abeilles. Je suis fascinée par sa réussite, sa rigueur, son ascétisme, sa perpétuelle classe, son goût, sa discrétion.
Bravo pour cette magnifique illustration – j’adore le manteau en fourrure…
Barbie turiquement votre
Vive les princesses, vive le mascara
http://princessemascara.blogspot.com/
J’avais raison! Ahah!
Superbe article qui concise bien le personnage. Et le dessin est juste splendide.
Magnifique illustration! Waou!
Et le texte imagé… Chapeau!
@Barbie turique -> Le personnage tout entier me fascine! Cette femme ne peut pas laisser insensible, il s’en dégage tellement de force, de pouvoir et de réussite que cela en est – presque – insoutenable! Je suis fan! :D
@Antoine de Tyssandier d’Escous -> Merci pour le dessin et content de lire que tu avais vu juste sur Facebook! Tiens, je me demande comment je réagirais si j’étais amené à devoir lui parler? ;)
@Lorena -> Merci beaucoup, je suis – TRÈS – content que les deux te plaisent! :)